Faire ses achats et obtenir de l’argent liquide en même temps, cette pratique pourrait bien se répandre rapidement en France.
Un texte de loi l’autorisant a été adopté fin juillet par le Parlement. Quels changements prévoir? Réponse en quatre points.
Faire ses emplettes chez son épicier, payer ses achats en carte bancaire et obtenir des espèces par la même occasion? Cette pratique pourrait bien se répandre rapidement en France. Car elle est désormais autorisée par un texte de loi adopté par le Parlement fin juillet et un décret d’application devrait venir le compléter. Qu’est-ce que cela va changer pour les consommateurs et les commerçants? Voici ce qu’il faut savoir sur le « cash-back ».
1. Le cash-back, comment ça marche?
Petit préambule: il ne faut pas confondre ce nouveau service qui pourrait bientôt être proposé par des commerçants avec la technique promotionnelle, elle aussi appelée cash-back, qui consiste à rembourser une partie à un acheteur une partie du prix d’achat initial. Ici le cash-back permet à un consommateur d’obtenir des espèces tout en réalisant des achats chez un commerçant. Comment? Si par exemple vous achetez du pain et des viennoiseries chez votre boulanger pour un total de 15 euros, vous pourrez lui demander de payer 45 euros par carte bancaire et vous obtiendrez donc la différence, 30 euros, en espèces.
Des restrictions? Oui. Les commerçants auront la possibilité de proposer, ou non, ce service à leurs clients. Le texte de loiprécise ainsi que les espèces peuvent être fournies « à l’utilisateur de services de paiement dans le cadre d’une opération de paiement pour l’achat de biens ou de services ». Il faut donc être un client qui achète quelque chose pour bénéficier du service. Impossible d’entrer dans un commerce et simplement demander à obtenir des espèces. Deuxième limite, il ne sera pas possible d’obtenir des espèces dans le cas d’un achat par chèque. Enfin, un décret doit préciser le montant d’achat minimum pour bénéficier du service ainsi que le montant maximal d’argent liquide pouvant être obtenu par ce biais (un montant allant de 100 à 150 euros avait été évoqué lors des débats). Pourquoi ce plafonnement? Notamment pour « limiter les risques de blanchiment et de financement du terrorisme » indique le texte de loi.
2. Quel intérêt pour les consommateurs?
Avoir un nouveau service pour obtenir des espèces à l’heure où l’on paye de plus en plus avec des cartes sans contact et des smartphones, n’est-ce pas un peu contradictoire? Contrairement aux idées reçues, le paiement en liquide n’a pas encore disparu, loin de là. 68% des transactions réalisées en France le sont en espèces, note un rapport de la Banque centrale européenne de novembre 2017. Le montant moyen d’une transaction en espèces reste cependant inférieur à 8 euros en France, un des montants les plus faibles en Europe. Signe que l’argent liquide est en général utilisé pour de petits paiements. En moyenne, les Français ont ainsi 32 euros dans leur portefeuille.
Le cash-back serait donc une alternative aux distributeurs automatiques pour obtenir de l’argent liquide. D’autant que si la France compte un réseau de 57.000 distributeurs automatiques selon le groupement des cartes bancaires, les fermetures d’agence se sont multipliées ces dernières années. Ce nouveau service pourrait donc permettre d’améliorer l’accès aux espèces sur l’ensemble du territoire, et notamment dans les zones rurales. Sans oublier qu’il s’agit d’un gain de temps pour le consommateur qui réalise son retrait d’argent liquide en même temps que ses achats.
3. Quels avantages pour les commerçants?
Du côté des commerçants qui accepteraient de le mettre en place, le cash-back leur donne la possibilité de proposer un nouveau service à leurs clients et d’avoir ainsi une source d’attractivité supplémentaire. Autre avantage relevé par l’entreprise Glory, un spécialiste en technologies et solutions de cash management: la réduction de l’encaisse dans les magasins: redistribuer les espèces à ses clients permet de diminuer le volume d’argent liquide conservé et les coûts et les risques qui y sont liés.
Deux éléments qu’avait soulignés la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, Delphine Gény-Stephann, lors de la présentation du projet de loi devant l’Assemblée nationale: « Le service permettra d’attirer davantage de clientèle par l’ouverture d’un service additionnel. Il offrira un moyen de gérer plus efficacement les encours en caisse pour les commerçants », a-t-elle ainsi déclaré. A noter que le texte de loi ne se prononce pas sur le fait de facturer ou non le service.
4. Le cash-back existe-t-il dans d’autres pays?
Si le cash-back pourrait faire son apparition en France dans les prochains mois, d’autres pays européens connaissent déjà cette pratique. Le texte de loi français qui l’autorise est d’ailleurs la transposition de la directive européenne sur les services de paiement, dite DSP2. Le cash-back existe déjà notamment en Belgique, en Allemagne ou encore en Angleterre. En Allemagne, un client peut ainsi obtenir jusqu’à 120 euros en espèces dès lors qu’il achète pour au moins 20 euros. En Angleterre le montant maximal d’espèces obtenues est de 100 livres, et de 60 euros en Belgique. Selon le rapport de la Banque centrale européenne en novembre 2017, le cash-back ne représente cependant que 2% des montants retirés en argent liquide en Europe.